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Tai chi chuan, Qi Gong, Sophrologie, méditation, respiration... Des pratiques au service du corps et de l'esprit

annexe "le Roi des singes"

Le Roi des Singes, Sun Wu Kong, demeure l’un des héros les plus populaires du roman et de l’opéra chinois car, bien que respectueux de la sagesse, il sait s’opposer à la tyrannie et à la force brutale.

Il est particulièrement apprécié par le petit peuple des villes et des campagnes car malgré son rang élevé dans la hiérarchie sociale grâce à son titre de marquis, il se prétend lui-même « L'Invincible égal du Ciel », il incarne la rébellion et la subversion. Pour beaucoup il incarne donc la liberté du taoïste qui sait se moquer des convenances et qui cherche toujours à remettre en cause l'ordre établi lorsque celui-ci n'est pas celui du Ciel, donc du Tao.

Dans le roman picaresque « Le voyage en Occident » (Xi You Ji ou Si Yeou Ki) il accompagne un saint homme, le pèlerin Xuan Zhang et, malgré son impertinence et ses erreurs, ne cesse de tirer ce dernier, quelque peu coupé des réalités, des multiples traquenards où il tombe au cause de sa bonté naïve. En réalité, et quoi qu'on dise, le Roi des Singes alias Sun Wugong (« Celui qui a pénétré le Vide »), alias Mei Hou Wang (« Parfait Roi Singe ») éclipse rapidement en renommée et intérêt celui qu'il est censé accompagner sans son périple vers l'Occident, donc vers les Indes, à la recherche des textes sacrés originaux du Bouddhisme. Il faut dire que le moine Xuan Zhang (Hiuan Tsang) alias Kin Shen « Contemplation Dorée », alias Tripitaka qui fut banni du Palais Occidental pour s'être laissé aller à sommeiller lors d'une méditation, est particulièrement fat, sentencieux et pénible à supporter.

Dans un premier temps, le roman fait donc l'apologie du Bouddhisme et de ses enseignements, ce qui ne l'empêche pas l'auteur, un certain Wu Zheng An (Wou Tcheng Ngan) (1505 1580), entre les lignes, d'initier le lecteur à la cosmologie taoïste et de rendre le Roi des Singes de plus en plus sympathique alors que, visiblement, il ne cesse, et quel qu'en soit le prix, de s'opposer à ces enseignements. Donc à une doctrine extérieure à la Chine officiellement imposée comme modèle.

Le Singe représente la querelle entre Taoïstes et Bouddhistes, donc le désordre cosmique permanent :

C’est l’opposition habituelle entre les taoïstes et les bouddhistes que les paysans de l’époque nomment, non sans un certain humour les « Singes Noirs » et les « Anes Jaunes ». Ceci en référence aux habits portés par les représentants des deux tendances : les taoïstes vêtus d’une longue robe noire et d’un chapeau à ruban qui ressemble à une longue queue ; les bouddhistes habillés d’une tenue jaune safran et portant un collier de bois comme « un âne bâté ». Si on ajoute que les taoïstes « se tapent le derrière par terre jusqu’à ce qu’il devienne rouge » à l’occasion de leurs pratiques gymniques (Tao Yin) et que les bouddhistes « ont de longues oreilles à cause des poids qui y sont accrochés et acceptent, pour éviter de somnoler, de recevoir des coups de bâton » le tableau est parfait.

Entre le singe insaisissable qui se méfie et critique par principe et l’âne qui accepte tout, sans broncher, Il est facile de comprendre vers lequel s’exerce naturellement la sympathie populaire. Cette opposition entre Taoïstes et Bouddhistes représente symboliquement l’organisation d’un désordre cosmique permanent que chacun tente d’expliquer et de résoudre à sa manière.

Un expert réputé dans l’Art Chevaleresque du Bâton et un modèle de bravoure et d’indépendance.

Le Roi des Singes est, bien évidemment, un redoutable expert dans ce que l’on nomme en Occident les Arts Martiaux et plus particulièrement encore dans le combat au bâton qui, entre ses mains, devient une arme magique et redoutable.

De ce fait, il existe de multiples écoles de « Kung Fu Wushu » (Art Martial Chinois Traditionnel ou Art du Poing Chinois que l'on devrait traduire par Art de la Bravoure ou Art Chevaleresque) spécialisées dans la « Boxe du Singe » (Hou Quan) qui allie souplesse et rapidité.

Le Roi des Singe est, en Chine, considéré comme une sorte de Robin des Bois très malin et quelque peu provocateur qui aurait étudié la stratégie militaire de Sunzi (Sun Tseu) et qui aurait les pouvoirs magiques de Merlin l'Enchanteur. Il représente en quelque sorte le « barbare » au grand cœur qui se joue des interdits et des règles établies tout en faisant respecter la vraie justice. Dans la conception chinoise le « barbare » est simplement celui qui vient d'ailleurs et « qui ne connaît pas de limite ni dans ses paroles ni dans ses actes ». Mais le rôle essentiel de ce « barbare », comme ce fut le rôle de Bodhidharma le fondateur du Chan ou du Zen, est de réveiller à coups de pieds dans le derrière ceux qui se sont paisiblement assoupis sur leurs lauriers. Donc de faire bouger les gens et les choses pour les faire avancer quelque peu quitte à employer les grands moyens.

C'est un peu pour cela que le Singe de Bois risque d'être insatisfait car il a un travail énorme à accomplir et qu'il ne dispose que d'une année tous les soixante ans pour ce faire.

 

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